Les vacances approchent et
nous avons a envie de vous faire partager quelques-uns des livres roumains lus cette année.
Laissons d’abord la parole à Marguerite :
Même si certains livres empruntés cette année m’ont
paru difficiles (et oui j’en ai abandonné deux avant la fin !), je ne
regrette pas ma persévérance. Mais la littérature roumaine est complexe et je
n’ai pas lu suffisamment d’auteurs pour mieux aborder cette difficulté. Ce sont
souvent des questions au cœur de notre humanité, de notre liberté, qui sont
posées, que ce soit à travers l’histoire ancienne de la misère paysanne à
l’oppression des régimes communistes, aussi aucun livre n’apporte une lecture
de détente.
Aucun ? Pourtant Panaït Istrati( 1884-1935) m’a mise en appétit pour continuer la
lecture des auteurs roumains cet été. En effet j’ai beaucoup pris plaisir au
style (peut-être parce qu’il écrit en français), à la vigueur, aux descriptions
imagées de ces histoires en forme de contes, souvenirs personnels, récits
d’aventure où le Danube est souvent acteur dans la campagne proche de son
embouchure.
Nous avons eu le plaisir d’aller nombreuses écouter
un jeune libraire parisien qui nous a fait mieux connaître cet auteur.
Alors n’hésitez pas, lisez : Les récits
d’Adrien Zograffi ; Kyra Kyralina ; Oncle Anghel ; Cosma ;
Tsatsa Minnka ; et Nerrantsoula, joli livre poétique où il chante le
Danube qui conduit le destin des hommes.
Nicole
nous présente Norman Manea (écrivain en exil) et son « Retour du holligan » : Une autobiographie éclatée qui
raconte dans le désordre la déportation fasciste à 5 ans, le retour dans
"le paradis communiste" à 9 ans mais la déception dès 12 ans, l'exil
aux Etats-Unis, le difficile retour. Un livre touffu, brillant, pas toujours
facile d'accès, mais indispensable pour connaître une histoire, un peuple, un
écrivain roumain plus ou moins inadapté sur tous les continents mais habitant
profondément sa langue : "Mon pays c'est ma langue".
« La
convocation » d’Herta Müller a fait l’unanimité, Josiane nous en parle :
Elle est convoquée régulièrement car on la
soupçonne de vouloir quitter son pays, la Roumanie.
Ce roman suit ses pensées pendant le trajet pour
s’y rendre : Pour ne pas craquer elle passe en revue sa vie, ses amis, ses
maris, tous ses souvenirs, tout pour ne pas céder à la panique car elle a sa
brosse à dents dans sa poche…sortira- elle de cette énième convocation ?
Essaie-t-on de le rendre folle ? Ce type et son chien y
réussiront-ils ?
Astrid a
aimé « Une matinée perdue » de Gabriela Adamesteanu, 1985 (traduit en français en 2005) :
A travers le monologue intérieur de Vica, une
dame âgée, jadis couturière à domicile au parlé franc, cru et drôle, le lecteur
navigue entre présent et passé, de la veille de l'entrée en guerre de la
Roumanie en 1916 à la dictature jusqu'au début des années 80.
A Bucarest, Vica en une journée va
retrouver entre autres, Ivona, une vieille dame de la haute bourgeoisie dans la
famille de laquelle Vica faisait des travaux de couture.
Le roman donne une vision sans concession de
cette période de l'histoire de la Roumanie.
C'est aussi un roman qui parle des femmes qui
ont vécu ces périodes. En 1916, leurs différences sociales les séparaient, en
1980, leurs souffrances communes les rapprochent.
J'ai trouvé très attachant le personnage de
Vica, une femme énergique, volontaire qui ne s'écoute jamais.
Aleth vous recommande « Spada » de Bodgan
Teodorescu, un faux polard :
On croit ouvrir un roman
policier et on se retrouve au beau milieu
d’un thriller politico-médiatique ! Dès le premier chapitre on
collectionne les meurtres : les victimes sont toutes Roms et ont un casier
judiciaire. Mais qui peut bien être ce tueur en série, très vite surnommé Spada (le Poignard) et quel sens a tout
cela ? A partir de là la situation s’emballe et l’intrigue devient un
prétexte pour montrer, dénoncer les pressions, la corruption, les collusions,
les coups fourrés : gouvernement, partis politiques, médias, police,
justice, armée, tout le monde s’en mêle.
A ce problème des
minorités qui enfle au fil des pages, se trouve confrontée une jeune démocratie
fragilisée par son histoire récente faite d’une succession de dictatures mais
désormais soucieuse de son image au sein de l’Europe. Des chapitres courts, une
écriture basée sur l’oral et les dialogues. Connaîtrons-nous le coupable ?
Et enfin
merci à Monique qui nous fait découvrir « Le mal des Fantômes »
De
Benjamin Fondane, né en 1898 à
Jassy (Moldavie), Mort le 2 octobre 1944 à Auschwitz
Mon père qu’as-tu fait de mon enfance ?
Qu’as-tu fait du petit marin au regard bleu ?
J’étais heureux, heureux parmi ces malheureux,
Le poivre rouge c’était si nouveau
Plus tard j’ai vu Charlot et j’ai compris les émigrants,
Plus tard, plus tard moi-même
Émigrants, diamants de la terre, sel sauvage,
Je suis de votre race,
J’emporte comme vous ma vie dans ma valise,
Je mange comme vous le pain de mon angoisse,
Je ne demande plus quel est le sens du monde
Je pose mon poing dur sur la table du monde
Je suis de ceux qui n’ont rien, qui veulent tout
Je ne saurai jamais me résigner.
Mais difficile d’évoquer
la Roumanie sans rappeler Virgil Gheoghiu et sa « 25ème heure »
Il y eu aussi le film roumain « Baccalauréat » de Cristian Mungiu, regardé en petit comité.
Sans oublier, le repas convivial à Rémy
Changement de cap à la rentrée de septembre :
nous avons choisi d’aller à la découverte de la littérature espagnole !