jeudi 5 juillet 2018

Vos lectures pour l'été

Les lectrices passionnées de l'ALC Lettres vous recommandent pour votre été les coups de cœur de leur "année espagnole".

Bon été à toutes et tous.

A la rentrée de septembre, nous découvrirons la littérature allemande à l'occasion des 20 ans du jumelage de Lacroix St Ouen - Losheim am See.


Le fil d’argent
Lluis-Anton BAULENAS



Barcelone 1935. Ils sont trois, 2 garçons et une fille, Pere, Gregori, Maria. Ils ont 18 ans le même jour et, répondant à l’appel de Radio Barcelone, ils se rencontrent à l’antenne et deviennent amis « à la vie, à la mort ». Ils découvrent tout en même temps, vivent à fond cette période leur vie. Pere l’anarchiste, Gregori l'étudiant, tombent tous deux amoureux de Maria l’orpheline travailleuse qui se veut une femme libre et oscille entre les deux garçons.

Mais en 1936 la guerre civile éclate et va détruire l’enthousiasme de leur jeunesse. Comme dira Gregori : « la guerre m’a chevillé la peur au corps pour toujours et a achevé de déterminer ce que je suis… ». Ils s’étaient promis de se retrouver 50 ans après leur première rencontre, le pourront-ils ?
Voici un récit à 3 voix, où après la folle année de leurs 18 ans, on voit l’influence de la guerre sur chacun d’eux. Un livre attachant, qui se lit d’une traite.

                                 Aleth


A la vitesse de la lumière
Javier CERCAS

Ce livre raconte la rencontre puis l’amitié de deux hommes dans une université américaine.
L’un est un jeune garçon espagnol, assistant de langue, qui a l’ambition de devenir écrivain ; le second est un homme américain, plus âgé, qui a déjà «  un vécu » et qui ne se laisse pas approcher facilement. C’est le plus jeune qui racontera l’histoire de son aîné ; une histoire lourde et douloureuse sur fond de guerre du Vietnam.

Un homme humaniste jeté dans une guerre qu’il ne voulait  pas, face à un jeune garçon qui souhaite écrire mais qui n’a pas encore « la matière » ni « la manière ».
- Qu’est devenu  cet aîné humaniste  à l’épreuve de la guerre ? - Le plus  jeune deviendra  t-il écrivain ? Comment et à quel prix ?
Deux histoires différentes, mais qui amènent la même question : la guerre et le succès sont-ils également délétères ?
Les personnages sont attachants et bien étudiés.
En conclusion : un livre bien écrit, intéressant, où on ne s’ennuie pas.

                                                                                     Monique

Calligraphie des rêves
Juan MARSE

Année 1940, Espagne franquiste, le jeune Ringo arpente les rues du quartier populaire de Barcelone, il accompagne souvent son père qui est chasseur de rats bleus ; sa mère est infirmière sans l'être.
Obsédé par la musique qu'il étudie passionnément, et afin de pouvoir poursuivre, il entre comme apprenti joaillier en continuelles rêveries dans la Barcelone de l'après guerre. Alors qu'il travaille sur son établi il perd son index et tout espoir de devenir pianiste.

Il se réfugie dans un modeste bistrot de la señora Paquita et s'efforce de percer le mystère qui entoure les activités de son père, observe le quotidien des voisins de son quartier, et cette mère, Mme Mir au cœur de midinette qui est kiné à domicile.

Il y a les mensonges des adultes et son imagination, ces parents dont il apprend qu'ils ne sont pas ses parents !
Roman merveilleux rempli d'images et de rêves qui brillent.

Jeanne


L’ombre du vent
Carlos Ruiz ZAFON

Daniel, âgé de 10 ans, est emmené par son père pour effectuer un rituel, aller chercher dans la bibliothèque des « livres oubliés » un livre qui le suivra toute sa vie.

L’enfant choisit «  l’ombre du vent » de C.R .Zafon, un auteur méconnu contemporain mais disparu dont les livres sont recherchés par un individu inquiétant pour être brûlés.
Daniel va se consacrer à retrouver l’auteur et il sera aidé par des amis qui sillonneront la ville de Barcelone, dangereuse au sortir de la guerre mais aux rues attachantes et envoûtantes. Un dangereux policier sanglant et véreux les poursuit pour les faire condamner en vertu d’un affront passé.

Chaque personnage menant l’enquête est restitué dans un cadre de vie passé ou présent, ce qui rend le livre enrichissant et pluriel.
Dans une atmosphère de faits mystérieux et de présences maléfiques vous ne connaîtrez la vérité qu’à la fin.
Ce livre a été primé plusieurs fois en Espagne et en France

Jeannine


CONFITEOR
 Jaume CABRE

Voilà ce que nous en dit l’auteur : « Je ne me suis jamais dit que j’allais écrire un livre sur un enfant qui a grandi…mon personnage principal Adria n’existait pas. J’imaginais un inquisiteur, un nazi, un moine. Mais je me suis vite rendu compte que ces personnages étaient très éloignés de moi. Alors je me suis dit  prends quelqu’un dont tu te sens proche… et ce gamin m’est apparu, il est né chez moi au cœur de Barcelone. Je l’ai fait grandir mais je ne savais pas encore comment Adria serait lié aux autres personnages. Le violon m’est apparu, lui, après un ou deux ans d’écriture. J’ai fait dans ce livre beaucoup de réflexions sur le Mal où chaque personnage est impliqué. »
Ce livre dont l’écriture n’est pas linéaire car, débutant dans les années 50 à Barcelone, il suit Adria qui, 50 ans après, décide de raconter son histoire familiale. C’est un long ouvrage de 771 pages avec beaucoup de retours en arrière et de bonds en avant dans l’Histoire que l’on parcourt avec des personnages fictifs et d’autres réels, l’Histoire où le Mal mène la danse.
C’est un livre exigeant qu’il faut lire avec assiduité, un livre où je suis allée de découvertes en découvertes à la suite de ce jeune garçon solitaire, vivant dans un grand appartement sombre, partagé entre l’ambition de son père et celle de sa mère qui rêve d’en faire un violoniste virtuose. J’ai beaucoup aimé ce livre… un grand livre.

Marguerite

La promenade des délices
Mercedes DEAMBROSIS

Ne vous laissez pas tromper par ce titre.
Ce recueil de huit nouvelles vous propulse pendant la guerre d’Espagne.
Percutant, âpre et puissant.

Réjane






INTEMPERIE
Jesus CARRASCO

C'est l'histoire d'un enfant qui se sauve et qui est recherché ardemment par le chef de la police de son village. On n'en connaît pas la cause car l'enfant cache un secret. On ne connaît pas non plus le lieu et l'époque où se déroule cette histoire. Ce que l'on sait, c'est qu'une sécheresse catastrophique s'est abattue sur ce pays et que dans cet enfer de chaleur et de désolation, la fuite de l'enfant va être éprouvante.
L'enfant va rencontrer sur son chemin un vieil homme taiseux et son troupeau de chèvres. Afin de s'éloigner du village tous deux vont cheminer durement à travers les plaines désertiques. Le vieil homme va protéger l'enfant et grâce à son exemple et à ses conseils il va lui permettre de communier avec cette nature hostile et de survivre.

C'est un roman initiatique et poignant, à l'écriture belle, soignée, précise. Qui emmènera avec force le lecteur à la recherche du lourd secret de l'enfant.

Brigitte


Pleine lune
Antonio MUÑOZ MOLINA

Dans une petite ville d'Andalousie battue par la pluie de l'hiver, une fillette a été enlevée et retrouvée morte le lendemain. La ville va vivre au rythme de la peur et de l'effroi. 

Pleine Lune est un roman noir, mais l'écriture contraste avec le genre policier. Il y a peu de dialogues. J'ai été séduite par l'écriture animée d'un souffle poétique et par la lenteur du récit qui permet d'être au plus près des sentiments des protagonistes. 
Entre amour et horreur, l'auteur parvient à nous accrocher en donnant la parole aux personnages liés par le meutre :  l’inspecteur , le médecin légiste, l'institutrice de la fillette, l'assassin et la dernière victime qui elle a  échappé à la mort. 
La clarté de la lune tantôt illumine l'amour rédempteur, tantôt pousse l'assassin au plus noir de lui-même.

Une fois le livre refermé, les personnages nous hantent encore  longtemps. 

Astrid


Pas pleurer
Lydie SALVAYRE (française d’origine espagnole)

Eté 1936. Des années plus tard Montsé raconte à sa fille, dans un français truffé d’espagnol, ses souvenirs flamboyants des débuts de la « révolution » espagnole. Mais aussi de la guerre civile, les élans des libertaires, la trahison des communistes, les compromissions de la hiérarchie catholique avec le fascisme. Seule une voix protestataire, celle de Bernanos, accompagne ses souvenirs en contrepoint. « L’été radieux de ma mère, l’année lugubre de Bernanos dont le souvenir resta planté dans sa mémoire comme un couteau à ouvrir les yeux : deux scènes d’une même histoire, deux expériences, deux visions qui, depuis quelques mois sont entrées dans mes nuits et mes jours, où, lentement, elles infusent ».

Un livre bouleversant et passionnant.
Nicole


Toutes les vagues de l’océan
Victor DEL ARBOL

Ça commence comme un thriller par le meurtre d’un enfant, c’est aussi une sombre histoire de vengeance sur plusieurs générations, c’est toute l’histoire de l’Europe contemporaine, guerre d’Espagne, époque stalinienne avec toutes ses horreurs, c’est surtout l’histoire d’un homme que sa rage de survivre rend fou.
 
700 pages en livre de poche… Je vous mets au défi de le quitter avant d’avoir terminé.

Josiane


Le chemin
Miguel DELIBES


11 ans, Daniel « le hibou », en une nuit se remémore toute sa vie avec humour et philosophie. Son père veut qu’il progresse alors il l’envoie en ville dans une école privée pour qu’il étudie.

Dans ce déroulé, il se souvient. Son copain lui a expliqué que ce n’est pas les cigognes qui apportent les enfants mais qu’ils viennent du ventre de leur mère : depuis ce jour il ne respecte plus beaucoup sa mère.

Dans son esprit défilent tous les habitants du village : les artisans, le forgeron, le menuisier ; le curé, le maître d’école et aussi tous ses camarades et leurs sobriquets plus ou moins cocasses.
La nuit est passée. Le nouveau jour arrive.

Marcelle