Sur une photo d’Annie
Choisie sur l’exposition « Nuit ».
Ténèbres et lumière !
Lumière dans les ténèbres de la nuit qui fait
surgir de l'obscurité un banc ; il ne comprend pas ce banc : Lui qui
attendait impatiemment la nuit afin de se remettre de toutes les émotions de la
journée, que de va et vient : des gamins sont venus chahuter auprès de lui,
coup de tricycle dans les pieds, mais aussi sauts avec leurs chaussures pleines
de sable, bien sûr il y eut des personnes âgées, bien plus calmes mais se laissant
tomber maladroitement en poussant de tels soupirs qu’ils m'ont retourné, et ces
amoureux ! Ils s’enlaçaient tellement en se tortillant, que d'émois, le
bois en craquait, je me suis bien échauffé, écoutez : j'en crépite encore,
et cette lumière qui me fait vibrer encore plus ! La crainte qu'un
nocturne passant par là ne m’aperçoive, de grâce rendez les ténèbres à la
nuit ! Je serai prêt à vous accueillir
à la lumière du jour…
Jeanne
Si vous diminuez la lumière moi je vous parlerai de
fesses,
C’est le seul domaine que je connaisse…
Il y a les fesses fermes et musclées des jogueuses
qui veulent souffler
Les fesses rebondies des mamies qui s’affaissent là
pour papoter
Les femmes pointues de quelques ados qui partagent
ici leurs secrets
Les fesses crispées des ronds de cuir incapables de
déstresser.
Les sans abris me font pitié mais à l’odeur je les
reconnais
Sur celles des enfants je suis muet car eux
préfèrent galoper
El les fesses que j’aime attaquer :
Les « court-vêtues » quand vient l’été
Une écharde juste pour m’amuser,
leur faudra de l’aide pour l’enlever…
J’ai plaisir à l’imaginer !
Josiane
PHOTO :
LE BANC, LA NUIT
Mr le Maire, Mrs Les Administrés
Pour l’inauguration de ce square, et surtout de ce
nouveau banc, nous avons voulu inviter quelques personnes connues ; voici leurs
réponses :
- Commissaire Adamsberg : Merci, mais votre banc est
bien trop éloigné de mon commissariat. Toutefois, un conseil : si un jour vous
avez un délit sérieux dans ce quartier, commencez par diminuer l’intensité lumineuse,
ainsi vous obtiendrez, peut-être quelques renseignements intéressants ;
Croyez
Mr… etc. … etc.
- Mr Raymond Souplex et Mme Jeanne Sourza : Quoi ? un
« sur le banc » là-dessus ! Vous n’y pensez pas ! trop neuf, trop propre… trop
mouillé aussi. Comment philosopher, installés sur un truc pareil ; nous, c’est
la philosophie du pauvre, et vous nous proposez un banc « du dimanche », et
nous, le dimanche et tout le tintouin, on s’en fout. Allez, sans rancune.
- Roméo et Juliette : Vous devriez relire l’histoire
: 2 familles rivales, et vous voudriez qu’on s’expose sur ce banc ? C’est Roméo
et Juliette avec fin au couteau que vous voulez ?
En
désespoir de cause, nous avons interrogé GEORGES, dans la rue : « Dormir là ?
et toi, tu dors avec ta chambre éclairée pleins phares, et la porte ouverte ?
Voyez Mr le Maire, ce n’est pas faute d’avoir
essayé, mais ce banc, la nuit, personne n’en veut ; mais de jour, vous
avez une chance avec les retraités, les petits enfants… mieux que rien, non ?
Et puis, c’est joli ce coin, ça ne m’étonnerait pas que ça inspire des
photographes.
Monique
Il fait nuit et il pleut. Tout est vide. Plus
personne n’aime passer par ici maintenant, les gens disent : « C’est sur ce
banc que c’est arrivé ».
C’est là qu’ils l’ont trouvé. Le froid était arrivé
d’un seul coup après ce début d’hiver si doux que les jonquilles commençaient à
percer. On aurait dit un vieux colis éclaté. Mais, sous les couches de carton
il y avait un homme, mort. De froid.
Il fait nuit et il pleut. Le temps s’est radouci.
Nicole