jeudi 29 septembre 2016

Sur une photo d'Annie Scotée



Sur une photo d’Annie
Choisie sur l’exposition « Nuit ».

Ténèbres et lumière !
Lumière dans les ténèbres de la nuit qui fait surgir de l'obscurité un banc ; il ne comprend pas ce banc : Lui qui attendait impatiemment la nuit afin de se remettre de toutes les émotions de la journée, que de va et vient : des gamins sont venus chahuter auprès de lui, coup de tricycle dans les pieds, mais aussi sauts avec leurs chaussures pleines de sable, bien sûr il y eut des personnes âgées, bien plus calmes mais se laissant tomber maladroitement en poussant de tels soupirs qu’ils m'ont retourné, et ces amoureux ! Ils s’enlaçaient tellement en se tortillant, que d'émois, le bois en craquait, je me suis bien échauffé, écoutez : j'en crépite encore, et cette lumière qui me fait vibrer encore plus ! La crainte qu'un nocturne passant par là ne m’aperçoive, de grâce rendez les ténèbres à la nuit !  Je serai prêt à vous accueillir à la lumière du jour…
Jeanne


Si vous diminuez la lumière moi je vous parlerai de fesses,
C’est le seul domaine que je connaisse…
Il y a les fesses fermes et musclées des jogueuses qui veulent souffler
Les fesses rebondies des mamies qui s’affaissent là pour papoter
Les femmes pointues de quelques ados qui partagent ici leurs secrets
Les fesses crispées des ronds de cuir incapables de déstresser.
Les sans abris me font pitié mais à l’odeur je les reconnais
Sur celles des enfants je suis muet car eux préfèrent galoper
El les fesses que j’aime attaquer :
Les « court-vêtues » quand vient l’été
Une écharde juste pour m’amuser, 
leur faudra de l’aide pour l’enlever…
J’ai plaisir à l’imaginer !
Josiane


PHOTO : LE BANC,  LA NUIT
Mr le Maire, Mrs Les Administrés

Pour l’inauguration de ce square, et surtout de ce nouveau banc, nous avons voulu inviter quelques personnes connues ; voici leurs réponses :

-     Commissaire Adamsberg : Merci, mais votre banc est bien trop éloigné de mon commissariat. Toutefois, un conseil : si un jour vous avez un délit sérieux dans ce quartier, commencez par diminuer l’intensité lumineuse, ainsi vous obtiendrez, peut-être quelques renseignements intéressants ;
Croyez Mr… etc. … etc.

-       Mr Raymond Souplex et Mme Jeanne Sourza : Quoi ? un « sur le banc » là-dessus ! Vous n’y pensez pas ! trop neuf, trop propre… trop mouillé aussi. Comment philosopher, installés sur un truc pareil ; nous, c’est la philosophie du pauvre, et vous nous proposez un banc « du dimanche », et nous, le dimanche et tout le tintouin, on s’en fout. Allez, sans rancune.

-       Roméo et Juliette : Vous devriez relire l’histoire : 2 familles rivales, et vous voudriez qu’on s’expose sur ce banc ? C’est Roméo et Juliette avec fin au couteau que vous voulez ?

En désespoir de cause, nous avons interrogé GEORGES, dans la rue : « Dormir là ? et toi, tu dors avec ta chambre éclairée pleins phares, et la porte ouverte ?

Voyez Mr le Maire, ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais ce banc, la nuit, personne n’en veut ; mais de jour, vous avez une chance avec les retraités, les petits enfants… mieux que rien, non ? Et puis, c’est joli ce coin, ça ne m’étonnerait pas que ça inspire des photographes.
Monique


Il fait nuit et il pleut. Tout est vide. Plus personne n’aime passer par ici maintenant, les gens disent : « C’est sur ce banc que c’est arrivé ».

C’est là qu’ils l’ont trouvé. Le froid était arrivé d’un seul coup après ce début d’hiver si doux que les jonquilles commençaient à percer. On aurait dit un vieux colis éclaté. Mais, sous les couches de carton il y avait un homme, mort. De froid. 

Il fait nuit et il pleut. Le temps s’est radouci.
Nicole