vendredi 30 septembre 2016

Littérature Sub-Saharienne (Lectures 2015-2016)


Littérature sub-saharienne
Les livres que nous avons « dévorés » en 2015-2016.


Photo de groupe au bord du fleuveLa Saison de l'ombreCelles qui attendentL'autre moitié du soleilL'aîné des orphelinsL'Iguifou: Nouvelles rwandaises



LA SAISON DE L’OMBRE de Léonora Miano (fémina 2013)
Un voyage dans les profondeurs des terres africaines. Un roman de mémoire.
Que s'est il passé dans ce village isolé, replié sur lui-même ?
Pourquoi douze hommes ont ils disparu ? Trois femmes dont les fils n'ont pas été retrouvés vont se mettre en quête de la vérité.
Comme une lente mélopée, l'auteur nous fait revivre le début de la traite des noirs.
Réjane

L’AUTRE MOITIE DU SOLEIL de Chimamanda Ngozi Adichie (Nigeria)
L’autre moitié du soleil, c’est le demi-soleil jaune du drapeau du Biafra, cousu sur la manche des soldats de cette nation éphémère qui n’aura existé que 3 ans, de 1967 à 1970, après avoir voulu se séparer du Nigeria. Ce livre court sur toutes les années soixante, à travers l’histoire de 2 sœurs jumelles, retraçant le climat de rivalités ethniques et politiques au lendemain de l’indépendance du Nigeria, qui aboutira à une situation de guerre et de famine : Olanna vit avec un intellectuel engagé et idéaliste, entouré d’amis avec qui ils refont le monde. Kainene la secrète, a une liaison avec un journaliste britannique fasciné par la culture locale. Sans compter Ugwu, le jeune boy, qui regarde autour de lui ce monde qui change. Les personnages, attachants, seront happés par l’histoire mais sans que le récit ne soit jamais accablant. C’est là tout le mérite de Chimamanda Ngozi Adichie une jeune femme qui a reçu pour ce roman un Orange Prize bien mérité. Une écriture agréable, un livre qu’on ne lâche pas une fois commencé.
Aleth

L’EMPREINTE DU RENARD de Moussa Konatè
Un commissaire, un inspecteur, des enfants du pays formés à l'école des blancs.
Des pères qui défendent farouchement les traditions, la terre des ancêtres.
Les morts se succèdent...
Habib et Sosso enquêtent, découvrent : pas d'arrestation… Le commissaire place l'affaire dans les mains de l'autorité politique...
Enigmatique, effrayante Afrique…
Un ouvrage rondement mené, une écriture claire, fluide, teintée d'humour, de gags.
Thérèse

CELLES QUI ATTENDENT de Fatou Diome (Sénégal)
Ils partent, les maris, les fils, sur des bateaux, et parfois de nuit pour éviter les adieux. Elles, elles assurent leur survie et celle des enfants : pêche dans la mangrove, crédit chez l’épicier.
Elles attendent… un coup de téléphone pour les rassurer, un peu d’argent si tout s’est bien passé. Elles attendent un retour improbable…
Eux, ils sont je ne sais où, en Europe si ils ont eu de « la chance » …… et rien ne sera plus comme avant.
Ce livre est un hymne à la force des femmes.
                                                                                              Josiane

PHOTO DE GROUPE AU BORD DU FLEUVE d’Emmanuel Dongala
Un groupe de femmes casse des blocs de pierres au bord d'un fleuve au Congo, l'une d'elle, Méréama, la plus éduquée prend conscience d'une injustice, elle entraîne ses collègues dans une lutte, pas seulement pour l'argent, mais pour transformer les rêves en projets. Elles se découvrent, chacune a son histoire de femme bafouée, incomprise mais si courageuse, beaucoup d'humanité, de tragédie avec l'humour aussi dans cette détresse ;  solidarité et de persévérance font qu'elles finiront néanmoins par gagner leur combat, nous en sommes très heureuses, car que serait l’Afrique sans les femmes ?
Jeanne

VERRE CASSE d’Alain Mabanckou
Au Congo, dans un café populaire, l’auteur nous fait la galerie de portraits et nous raconte l’histoire des habitués. Il y a de tout ce qui fait la vie : de l’humour, de l’atroce, du propre et du sale… Le tout servi à l’africaine. On y découvre un auteur original et d’une grande culture.
Ce livre est surprenant. Un régal de lecture, il est de ceux qu’on n’oublie pas.
Jeannine

L’IVROGNE DANS LA BROUSSE de Tutuola Amos
Lorsque son malafoutier (inégalable pour préparer le vin de palme) se tue en tombant d’un palmier, « Le-Père-Des-Dieux-Qui-Peut-Tout-Faire-En-Ce-Monde » (comme il se présente lui-même) n’a plus qu’à partir à sa recherche à travers la Brousse, jusqu’à la Ville des Morts. Il rencontrera – entre autres – l’Homme complet, L’Affamé qui l’avalera ainsi que sa femme et jusqu’à des palmiers qui fument. Déjanté et cocasse c’est un peu Alice au Pays des Merveilles chez les Yorubas !
Nicole

LE SOLEIL DES INDEPENDANCES d’ Ahmadou Kourouma
Fama « travaille dans les obsèques » ; c’est ainsi qu’on parle, dans la capitale de la Côte des Ebènes, de ces anciens notables qui vont de funérailles en funérailles pour grappiller par ci, par là, argent ou nourriture. Pourtant Fama est un authentique prince de la lignée des Doumbouya ; mais les colonisateurs l’ont écarté au profit d’un cousin. Et les soleils des Indépendances l’ont ruiné, car il reste bien peu de monde pour faire travailler un commerçant !  A la mort de son cousin, Fama lui fera des funérailles royales et récupérera son titre ; mais va-t-il rester au village, ou sera-t-il inéluctablement attiré par la capitale, ses amours et ses palabres ? Un livre foisonnant, où l’on retrouve les espoirs et les désillusions, les traditions et les bouleversements, la description sans concession de la condition féminine (l’excision) ou de la répression politique (les « détenus préventivement ») de l’époque troublée de l’indépendance. Un premier roman picaresque et touffu, mais plein de poésie et d’humour, attachant et émouvant.
Nicole

LES BOUTS DE BOIS DE DIEU d’Ousmane Sembene
Avez-vous déjà participé, de près ou de loin, à une grève ? Si c'est le cas, ce livre vous intéressera.
C'est le récit d'une grève des cheminots sur la ligne DAKAR - NIGER en 1947. Ces hommes avaient été suffisamment bons français pour être combattants pendant la 2° guerre mondiale, mais, pas tout à fait assez (on verra pourquoi), pour avoir les mêmes droits que leurs collègues français, blancs. C'étaient ça les motifs de la grève : juste l'égalité.
Et alors ? 5 mois de lutte très dure, des personnages bien campés et attachants, une participation déterminante des femmes.
Femmes africaines, mes sœurs, vous avez toute mon admiration.
Si vous êtes sensible aux combats sociaux, ce livre va vous plaire.
                                                                                                          Monique

LE ROI DE KAHEL de Tierno Monémembo
Le "Roi de Kahel" de Tierno Monénembo ne manque pas d'originalité.
 Si vous suivez l'incroyable projet d'Aimé Victor Olivier de Sanderval, vous lirez, en cinq voyages successifs, l'histoire d'un rêve fou : découvrir une partie de l'Afrique inexplorée en 1880. En effet, nourri dès l'enfance des récits des grands explorateurs, tel René Caillé, notre héros surnommé Yémé par les Peuls, veut conquérir le Fouta-Djalon et y devenir roi.
De page en page vous rencontrerez des personnages vus par les Blancs comme des « sauvages ». C'est foisonnant de péripéties, d'histoires d'amour, de combats dans des paysages magnifiques, au temps de l'époque coloniale. Vous tremblerez pour Yémé qui veut faire passer un train dans cette région qu'il découvre pas à pas. « Qu'importe le résultat, seul l'effort donne son sens à l'existence » nous dit-il.
Ce livre relate une histoire vraie comme un roman d'aventure.
                                                                                              Marguerite

DEMAIN J’AURAI 20 ANS d’ Alain Mabanckou
J'ai lu ce récit inspiré de son enfance, avec beaucoup de plaisir.
A Pointe-Noire, vers 1970, un petit garçon d'une dizaine d'année grandit sous nos yeux. Michel nous parle de tout : sa vie avec maman Pauline, son père adoptif qui vit aussi avec maman Martine qui a sept enfants, son oncle René, riche communiste et tous les enfants du voisinage...
Mais voilà que le féticheur soupçonne Michel de détenir un sortilège qui empêche maman Pauline d'avoir d'autres enfants ! Que la vie est complexe ! Et comment comprendre la vie politique, gérer les premiers émois amoureux ? Heureusement il y a l'ami Lounès, Brassens grâce au radiocassette, Arthur Rimbaud et St Exupéry !
C'est frais, malicieux, rempli d'espoir.
                                                                                              Marguerite

UNE SI LONGUE LETTRE de Mariama Bâ
Un événement tragique vient d'arriver : Modou a succombé à une crise cardiaque.
C'est le moment que choisit Ramatoulaye, la femme avec qui il a partagé de longues et  heureuses années, pour écrire à son amie de toujours.
Cette longue lettre retrace les années de jeunesse et de maturité de ce couple progressiste, qui avait su combattre le poids et l'oppression des moeurs et des traditions de leurs familles.
Jusqu'à ce qu'un événement inattendu et improbable vienne entraver et balayer l'idéal de vie de Ramatoulaye...
Jusqu'à ce que ce deuil lui impose de vivre la violence et l'enfermement d'incompréhensibles et ancestrales coutumes...
 Un livre essentiel pour aborder la vie des femmes africaines.
                                                                                              Brigitte

L’AINE DES ORPHELINS de Tierno Monémembo
Le narrateur, Faustin Nsenghimana, quinze ans, attend son exécution dans une prison rwandaise. Il rit de tout, même de cette condamnation. Il provoque, se souvient, raconte : le Rwanda, ses parents (un père Hutu, une mère Tutsi), les « avènements de 1994 » faisant suite aux « saignées » de 1959, 1964, 1972.  Ce livre est celui de l’errance et de la débrouillardise (larcins, resquille…) de ces enfants orphelins qui vivent et survivent comme ils peuvent. On sent Faustin, loin, très loin de tout. Il est prêt à tout, il s’en moque. Sa mémoire est une mémoire traumatique, éclatée. Il sait seulement qu’il a continué à jouer au cerf-volant quand ils ont entouré les collines. Aucun pathos dans ce livre écrit avec recul mais qui pose la question du mal. Une écriture qui prend, un Faustin qu’on ne lâche pas.
« Nous autres Nsenghimana n'avons pas pour habitude d'emmerder les autres. Très tôt, mon père Théoneste m'a appris à voir clair, c'est-à-dire à m'accommoder de tout. A Nyamata, tout le monde connaissait Théoneste. Vous pensez bien : c'était l'idiot du village ! Vous ne saurez jamais le bonheur que c'est d'être le fils d'un idiot. Vous vous distrayez de tout. »
Même du pire pour survivre.
Ce livre poignant, écrit dans le cadre d’une opération « écrire par devoir de mémoire » a reçu le prix Tropiques 2000.
                                                                                                          Aleth